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Projet de loi université : les amendements adoptés par la
commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale
La commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de
l’Assemblée nationale a adopté une quarantaine d’amendements au
projet de loi "relatif aux libertés et responsabilité s des
universités" les 17 et 18 juillet 2007. Les députés
l’examineront en séance publique du 23 au 25 juillet (L’AEF du
13/07/2007, 81737). L’essentiel des amendements adoptés par la
commission sont proposés par le rapporteur du projet de loi, le
député UMP de la Marne, Benoist Apparu. Certains reviennent sur
des amendements votés par les sénateurs.
Voici l’essentiel des amendements adoptés par la commission, par
ordre des articles :
ÉLECTION DU PRÉSIDENT. Un amendement de Benoist Apparu vise à
revenir au texte initial présenté par le gouvernement sur
l’élection du président par les membres élus du CA. Les
sénateurs ont modifié le texte pour faire en sorte que les
personnalités extérieures participent à l’élection du
président. Pour le député, "de deux choses l’une : ou bien les
personnalités extérieures participent à l’élection du
président et dans ce cas il faut prévoir un mode de désignation
assurant leur indépendance, ce que ne permettent pas les
modifications apportées par le Sénat à l’article 6, ou bien ces
mêmes personnalités sont nommées par le président, ce qui
doit entraîner leur non-participation à l’élection de ce
dernier".
DÉSIGNATION DES PERSONNALITÉS EXTÉRIEURES. Le rapporteur
propose donc un autre amendement pour revenir aux modalités de
désignation des personnalités extérieures proposées par le
gouvernement. Le Sénat les avait modifiées pour permettre leur
participation à l’élection du président, ce qui, selon Benoist
Apparu, tend à en faire "des obligés" du président. En effet,
l’amendement du Sénat prévoit que les personnalités
extérieures sont désignées par "les membres élus du nouveau
CA sur proposition de la personne figurant à la première place de
la liste des professeurs ayant obtenu la majorité des sièges".
Pour le député, ce système risque aussi "d’accentuer la
’présidentialisation ’ de la gouvernance qui est déjà
dénoncée par beaucoup, et contribue à instituer un rapport
ambigu et peu satisfaisant du point de vue de la transparence
démocratique, entre le président et un nombre important de membres
du conseil d’administration" . En outre, ce système est "susceptible
d’offrir une majorité d’appoint à la liste syndicale qui
contrôlerait le CA et le président et, de ce fait,
déterminerait la politique de l’établissement" . En revanche, la
désignation par le président permet à ce dernier d’ "orienter
le projet d’établissement" .
REPRÉSENTATION ÉTUDIANTE. Un amendement d’Étienne Pinte,
député UMP des Yvelines, propose de passer le nombre
d’étudiants au CA de "3 à 5" à "4 à 6" pour qu’ils
représentent au moins 20% des membres du CA. Il propose aussi de
supprimer la référence à la "personne ayant obtenu un
diplôme dans l’université et exerçant une activité
professionnelle depuis au moins deux ans" parmi les personnalités
extérieures. En effet, "aucune université ne dispose
d’associations d’anciens élèves représentatives" .
REPRÉSENTATION DES DISCIPLINES AU CA. Le rapporteur propose de
supprimer un amendement voté par le Sénat sur la représentation
des grands secteurs de formation au CA qui impose "de facto" aux listes
des représentants des personnels et des étudiants d’assurer aussi
cette représentation. Ainsi, le rapporteur propose une autre
rédaction de cette partie de l’article 10 : "Pour les élections des
représentants des enseignants- chercheurs et des personnels
assimilés au CA, les listes assurent la représentation d’au moins
deux des grands secteurs de formation de l’université, à savoir
les disciplines juridiques, économiques et de gestion, les lettres et
sciences humaines et sociales, les sciences et technologies, et les
disciplines de santé. Il est attribué à la liste des
professeurs et des personnels assimilés qui obtient le plus de voix
un nombre de sièges égal à la moitié des sièges à
pourvoir ou, dans le cas où le nombre de sièges à pourvoir est
pair, le nombre entier immédiatement supérieur à la moitié
des sièges à pourvoir."
NOMBRE DE MANDATS. Un amendement à l’article 10 (sur les modalités
d’élection) du rapporteur vise à "interdire aux membres élus
des CA des universités d’être élus à plus d’un CA et à un
président d’être président du CA d’une autre université. Une
telle interdiction se justifie compte tenu du renforcement de
l’autonomie et du mode de gouvernance des universités proposé par
le projet de loi : en effet, la nouvelle autonomie des universités
impose qu’elle soit portée par des acteurs ne défendant les
intérêts que d’une seule université."
COMMISSAIRE AUX COMPTES. Un amendement de Benoist Apparu propose de
supprimer la référence à la certification des comptes par un
commissaire aux comptes de l’article 6 (sur le CA) pour la placer à
l’article 15 (sur le budget global).
CONSEIL SCIENTIFIQUE. Un amendement de cohérence d’Olivier Jardé
(Nouveau Centre, Somme) propose de préciser que "le nombre des
membres du conseil [scientifique] est augmenté d’une unité lorsque
le président est choisi hors du conseil". Un autre amendement du
même député stipule qu’ "en cas de partage égal des voix" au
CS, "le président a voix prépondérante" .
MÉDECINE. Un amendement d’Olivier Jardé (Nouveau Centre, Somme) et
de Jean Leonetti (UMP, Alpes-Maritimes) propose de compléter
l’article 12 sur les UFR de santé par la phrase suivante : "Les
ministres compétents affectent directement et conjointement aux UFR
et aux CHU les emplois hospitalo-universit aires attribués à
l’université. " Selon les deux députés, cette disposition est
"essentielle pour préserver la cohérence de la triple et
indissociable mission des CHU : soins, enseignement et recherche".
LMD ET PARAMÉDICAUX. Un amendement de Daniel Fasquelle
(UMP-Pas-de- Calais) à l’article 12 sur les UFR de santé stipule
que "les diplômes paramédicaux et de sage-femme sont
progressivement reconnus et intégrés dans le système LMD". Le
député explique : "Il est important que les diplômes
délivrés pour ces professions trouvent leur place dans
l’université, en particulier depuis la mise en place du LMD. C’est
une revendication qui mérite d’être soutenue. Cette loi est
l’occasion de régler ce problème ancien."
CTP. Benoist Apparu propose, par amendement à l’article 13, qu’ "un
bilan de la politique sociale de l’établissement" soit présenté
chaque année au CTP (Comité technique paritaire). Il permettra au
CTP "d’exercer pleinement sa compétence consultative sur la politique
de gestion des ressources humaines", explique le rapporteur.
CONTRAT. Benoist Apparu propose une nouvelle rédaction de l’article
14 sur le contrat pluriannuel qui précise que "ces contrats
prévoient les conditions dans lesquelles les personnels, titulaires
et contractuels, de l’établissement sont évalués, ainsi que, le
cas échéant, les modalités de participation de
l’établissement à un PRES. Ils fixent en outre certaines
obligations des établissements et prévoient les moyens et emplois
correspondant pouvant être mis à leur disposition par l’État."
PRIMES SCIENTIFIQUES. Benoist Apparu propose de supprimer un amendement
sénatorial précisant que "les primes scientifiques sont
accordées sur avis du CS". En effet, assure-t-il, "la notion de
’primes scientifiques’ n’existe pas".
ORIENTATION. Un amendement du rapporteur à l’article 17 (sur le 1er
cycle) supprime la référence à la classe de seconde introduite
par le Sénat à propos du dispositif d’orientation. Benoist Apparu
précise que "l’organisation même de la pré-inscription des
lycéens" dans les universités "ne peut intervenir qu’en classe de
terminale".
FORMATION DES ÉLUS. Benoist Apparu propose un amendement à
l’article 19 selon lequel les actions de formation des élus
étudiants sont "définies" par les établissements et non plus
"assurées" par eux. En effet, "l’établissement où siègent
ces élus étudiants peut ne pas disposer des unités de formation
demandées ou utiles ou des personnels qualifiés pour dispenser les
formations". Ainsi, il s’agit de permettre d’effectuer les actions de
formation à l’extérieur de l’établissement, par exemple à
l’Esen (École supérieure de l’Éducation nationale).
DOCTORANTS - IATOSS. Un amendement d’Yvan Lachaud (Nouveau Centre, Gard)
propose d’intégrer "les doctorants" dans l’article 20 sur "les
dispositions propres aux personnels de recherche". Cet article
précise qu’ils peuvent participer aux différents conseils de
l’établissement. Un autre amendement, présenté par Benoist
Apparu, vise à transposer la disposition prévue pour les
chercheurs des organismes et les contractuels aux personnels Iatoss des
organismes et aux contractuels.
COMITÉ DE SÉLECTION. Benoist Apparu présente trois amendements
à l’article 21 sur le comité de sélection constitué pour le
recrutement des enseignants- chercheurs. Le premier propose qu’à
l’issue de la procédure de recrutement, le CA puisse transmettre au
ministre, comme jusqu’à présent, une liste de candidats classés
par ordre de préférence, pour la nomination à l’emploi ouvert
par concours. Cela doit permettre de résoudre la "difficulté
posée par les candidats sélectionnés dans plusieurs
établissements, les autres établissements n’ayant plus alors de
candidat sélectionné". Cet amendement propose aussi que le droit
du veto du président s’exerce non pas sur la liste des candidats
sélectionnés par le comité de sélection mais sur le ou les
noms retenus par le CA.
Un deuxième amendement précise que les membres du comité de
sélection sont nommés par le CA, après avis du CS. En effet, le
projet indique quels sont les principes à respecter pour les choisir
mais pas qui les nomme.
Un troisième amendement donne la possibilité de créer un
comité de sélection "commun à plusieurs établissements
d’enseignement supérieur" dans le cadre d’un PRES. Déjà
aujourd’hui, des commissions de spécialistes sont communes à
plusieurs établissements.
FONDATIONS. Benoist Apparu propose un nouvel article après l’article
23 sur les fondations. Il vise à étendre aux établissements
d’enseignement supérieur à caractère administratif (IEP de
province, écoles nationales d’ingénieurs) et aux établissements
d’enseignement supérieur spécialisés (écoles d’agro,
vétérinaires, des mines, polytechnique, de la marine marchande,
sanitaires et sociales) les possibilités de créer "des fondations
partenariales calquées sur les fondations d’entreprise" .
PATRIMOINE. Benoist Apparu présente trois amendements à l’article
24 sur le patrimoine immobilier. Le premier propose de rétablir le
caractère non systématique de la convention de mise en
sécurité des bâtiments qui est "inutile et coûteuse
puisqu’elle s’accompagne d’une expertise contradictoire, pour des
bâtiments récents". Un amendement du groupe communiste du Sénat
a rendu cette convention systématique, contre l’avis du gouvernement,
rappelle le député.
Le deuxième revient sur la version initiale du projet qui stipulait
que le transfert ne donne lieu à "aucun versement de salaires ou
honoraires au profit de l’État". Le gouvernement a supprimé par
amendement voté par les sénateurs, la référence à
l’État dans cette phrase. Le rapporteur souligne qu’ "un transfert de
propriété peut nécessiter le recours à des prestataires
divers, comme des experts en sécurité, qu’il conviendra de
rémunérer".
Enfin, le troisième amendement supprime les ajouts du Sénat sur
l’état du patrimoine historique des établissements effectué par
la Commission nationale des monuments historiques et le Haut conseil des
musées de France et sur l’interdiction de transfert de ce patrimoine.
Cet amendement avait été adopté contre l’avis du gouvernement.
Le rapporteur fait remarquer que l’article 24 porte sur le patrimoine de
l’État et non sur celui des établissements.
LMD. Benoist Apparu propose de donner "une base légale au LMD" en
créant un article additionnel après l’article 26 stipulant : "Au
cours de chaque cycle, sont délivrés des diplômes nationaux ou
des diplômes d’établissement sanctionnant les connaissances, les
compétences ou les éléments de qualification professionnelle
acquis. Les grades de licence, de master et de doctorat sont
conférés respectivement dans le cadre du premier, du deuxième
et du troisième cycle."
CPU. Un amendement du rapporteur vise à clarifier la rédaction du
dispositif relatif à la CPU et à la Cdefi.
DISPOSITION TRANSITOIRE. Un amendement du rapporteur complète
l’article 30 sur les dispositions transitoires concernant les conseils.
Il stipule que "les CS et les Cevu en exercice à la date de
publication de la présente loi siègent valablement jusqu’à la
première élection du CA suivant l’entrée en vigueur de la
présente loi. Les dispositions du 1° de l’article 7 [sur la
composition du CS] s’appliquent au premier renouvellement du CS."
DOTATION GLOBALE DE FONCTIONNEMENT. Un amendement de Benoist Apparu vise
à supprimer l’article 32 ter inséré par le Sénat. Cet
article stipule que, "dans un délai d’un an après l’entrée en
vigueur de la loi, le gouvernement dépose, sur le bureau de chacune
des assemblées parlementaires, un rapport évaluant les
modalités de calcul de la dotation de fonctionnement et proposant des
pistes de réformes, en prenant en compte les contraintes et les
coûts réel supportés par les établissements" . Le
député estime que "cette disposition ne paraît pas opportune
dans la mesure où la réflexion sur la réforme de cette dotation
est engagée".